Source : Article GreenUnivers – 8 février 2024
En 2023, le crowdfunding dans les EnR a grimpé de 11,5% en volume et pèse désormais pour 17,6% de la collecte globale du finanement participatif dans son ensemble, contre 14% un an plus tôt. Au total 368 M€ ont été collectés, pour financer 351 projets.
Valeur refuge
Les raisons de cette résilience ? Outre la prise de conscience de l’urgence climatique, de même que de la nécessité d’une souveraineté énergétique, « les EnR bénéficient de façon structurelle d’une bonne qualité de financement et de signature de par la visibilité sur les business plans et la rentabilité des projets », estime Laure Verhaeghe, cofondatrice et présidente de la plateforme de financement participatif Lendosphere. « Le secteur apparaît du côté des investisseurs comme une valeur refuge, d’autant plus chez les investisseurs particuliers ou professionnels qui ont vécu de plein fouet la crise énergétique », considère la dirigeante de cette plateforme, filiale de la société de gestion 123 IM, qui a vu affluer l’an dernier 7 000 nouveaux investisseurs.
Le solaire en tête
Du côté des technologies, le financement participatif dans l’énergie photovoltaïque occupe toujours le haut du podium avec 79% des projets financés, dont la majorité (61%) au sol. Une prépondérance du solaire, donc, qui traduit l’essor de cette énergie à l’échelle mondiale, et qui se reflète sur les plateformes de crowdfunding en France ayant participé au baromètre1. Exemple, « nous avons levé, sur l’exercice 2023, 144 M€, dont 80% de ce volume a été affecté au photovoltaïque », illustre Julien Hostache, cofondateur et président de la plateforme de financement participatif Enerfip. Parmi les facteurs qui dopent la dynamique du solaire, « la chute du prix des panneaux », de même que « sa polyvalence » – en toiture, au sol comme en ombrières de parking, à des échelles diverses, rappelle-t-il.
Dans cette palette, les projets agrivoltaïques pointent eux aussi, totalisant 2% des projets solaires financés, d’après le baromètre. « L’agrivoltaïsme émerge rapidement, avec des enjeux importants tant d’ancrage local et d’adhésion territoriale, que de financement de la construction », observe de son côté Laure Verhaeghe.
Diversification sectorielle
Les projets photovoltaïques financés sur les plateformes sont suivis, de loin, de l’éolien (10% des projets), du biogaz (7%) puis de l’hydroélectricité (1%), selon le baromètre. Mais d’autres chantiers intéressent les plateformes, à l’instar du potentiel de l’efficacité énergétique. « C’est l’une des voies que chez Enerfip nous souhaitons explorer pour avoir un impact encore plus important dans la transition énergétique », affirme pour sa part Julien Hostache qui mise, de même, sur la mobilité durable. Quant à l’hydrogène vert, « nous n’avons pas encore financé de projets, mais nous en percevons l’émergence à travers les discussions que nous avons avec les porteurs de projets et les développeurs. Je pense que nous commencerons à avoir des projets de ce type d’ici à deux ou trois ans », avance-t-il. Chez Lendosphere également, 2023 a été une année de diversification, avec des projets notamment dans la chimie verte, dans l’efficacité et la performance énergétique des bâtiments, ainsi que dans la forêt.
Financement de projets en développement
S’agissant des types de financement, les collectes sur les plateformes de crowdfunding sont toujours réalisées en grande partie en dette (91,6%, contre 8,4% pour l’equity). Plus généralement, le financement participatif se confirme comme « un outil de financement à part entière hors appel d’offres sur des besoins de financement mezzanine, bridge ou corporate », analyse Laure Verhaeghe. Lendosphere bénéficie par ailleurs de synergies avec le fonds 123 Transition énergétique ainsi que d’un réseau de conseillers en gestion de patrimoine, permettant de couvrir des besoins jusqu’à 10 M€, donc au-delà du maximum réglementaire, souligne-t-elle.
Autre tendance de fond, « il existe des besoins énormes de financer les portefeuilles de projets en développement, peu ciblés par les financeurs conventionnels », relève Julien Hostache. En somme, dans l’ensemble, « il y a une explosion des demandes de financement de la part des porteurs de projets », assure le dirigeant de cette plateforme qui a lancé l’année dernière une société soeur, Enerfip Gestion. C’est sans oublier l’internationalisation qui, grâce à l’agrément européen permettant de bénéficier du statut du prestataire de services de financement participatif (PSFP), annonce aussi de beaux jours pour le financement des projets via des plateformes de crowdfunding.